Lorsque Thelma, une infirmière autorisée du Nigéria, a été acceptée dans un programme d’études en sciences infirmières dans son pays, cela a été un rêve devenu réalité. C’était l’occasion pour elle de faire quelque chose qui avait un sens. Après trois ans d’études et un an de stage dans un hôpital, Thelma est devenue infirmière autorisée.
Thelma a ensuite travaillé durant trois ans comme infirmière autorisée avant de décider d’immigrer au Canada, accompagnée de son mari, Dr Chibuike. « Mon mari est très aventureux. Il souhaitait se lancer un défi, voir le monde, et je souhaitais être à ses côtés », raconte Thelma.
En 2011, alors qu’elle était encore au Nigéria, Thelma a commencé ses démarches pour devenir une infirmière autorisée au Canada. Elle a soumis sa demande au Service national d’évaluation infirmière (SNEI), qui comprenait son diplôme en sciences infirmières et des références de sa superviseure de l’époque.
Thelma et son mari comptaient partir ensemble, mais ses démarches d’immigration ont été retardées. En 2011, son mari a quitté le Nigéria pour se rendre au Canada et commencer une maîtrise. Six mois plus tard, en 2012, Thelma l’a rejoint à Saskatoon.
En moins de deux semaines, Thelma a obtenu un emploi comme préposée aux bénéficiaires par l’entremise d’un service de soins à domicile afin d’accompagner un patient. Puis, avec l’aide de son mari, elle a obtenu un second emploi dans une maison de retraite. Elle fournissait un appui aux soins et à l’entretien ménager. Elle travaillait en même temps dans une maison de soins comme préposée aux bénéficiaires. Cela a été une période forte occupée pour elle.
Thelma se considérait chanceuse d’avoir obtenu ces emplois, mais ils ne représentaient, pour elle, que des moyens de subsistance. En tant qu’étudiant international, son mari ne pouvait travailler plus de 20 heures par semaine et elle était donc la principale source de revenus. Thelma avait toutefois pour objectif de travailler en tant qu’infirmière autorisée.
Ce n’est que deux mois après son arrivée au Canada que Thelma a effectué les examens IELTS, soit la dernière étape du processus de demande auprès du SNEI. Malheureusement, elle n’a pas réussi les examens. « Je n’avais pas compris le contenu de l’examen. J’ai décidé de mieux m’y préparer et de tenter ma chance une seconde fois en septembre 2012. Cette fois, c’était la bonne! », affirme Thelma.
Après avoir terminé l’évaluation du SNEI, Thelma a reçu un rapport contenant leur décision. Peu de temps après, elle a commencé les démarches auprès de la Saskatchewan Registered Nursing Association (SRNA).
Le rapport indiquait qu’elle devait suivre 13 cours et effectuer des heures cliniques pour avoir le droit d’exercer au Canada. Cela représentait beaucoup d’argent.
Thelma s’est ensuite inscrite au programme Orientation to Nursing in Canada for Internationally Educated Nurses (ONCIEN) à la Saskatchewan Polytechnic et a commencé ses cours au début de l’année 2013. « Le programme était offert en ligne. On pouvait le suivre à son propre rythme, ce qui me convenait bien, car j’avais un bébé dont je devais m’occuper. Mon premier fils », raconte Thelma.
Réalisant qu’il lui faudrait beaucoup de temps et d’argent pour suivre les 13 cours, Thelma a fait sa demande auprès de la Saskatchewan Association for Licensed Practical Nurses (SALPN) pour devenir une infirmière praticienne. La bonne nouvelle était qu’elle n’avait que deux cours à prendre et un stage clinique à la Sask Polytech.
« Je n’étais pas aussi concentrée que je l’aurais voulu pour suivre mes cours qui me permettraient de devenir une infirmière autorisée. Ma priorité était de devenir une infirmière praticienne. Je me suis dit que c’était plus rapide et que je pouvais avoir un revenu intéressant », ajoute Thelma.
Toutefois, avant même de recevoir son droit d’exercer comme infirmière praticienne, Thelma savait qu’elle souhaitait suivre les autres cours requis pour devenir une infirmière autorisée. Puisqu’elle avait besoin d’un appui financier, Thelma a soumis une demande de prêt au Moulin Microcrédits. Son mari avait déjà reçu un prêt du Moulin et Thelma savait donc à quel point cela pouvait l’aider, elle aussi, à faire avancer sa carrière.
« Le prêt du Moulin m’a aidée dans ma formation, car mes cours et mes examens étaient dispendieux. On devait aussi payer les frais pour le programme de maîtrise de mon mari, en plus des frais de location de notre appartement et d’autres dépenses. Il ne restait donc pas beaucoup d’argent pour mes cours », raconte Thelma.
En juin 2014, Thelma obtient son droit d’exercer en tant qu’infirmière praticienne et décroche son premier emploi en septembre de la même année.
Le prêt du Moulin a permis à Thelma de couvrir la majeure partie des frais liés aux 13 cours, aux stages cliniques et à l’examen NCLEX-RN du National Council of State Boards of Nursing (NCSBN).
L’année suivante, Thelma et sa famille déménagent à Thunder Bay, en Ontario. Après avoir terminé son programme d’études et avoir passé l’examen NCLEX-RN en août 2016, elle soumet sa demande à l’ordre des infirmières et infirmiers de l’Ontario (OIIO) et effectue l’examen de jurisprudence.
Après quelques mois, Thelma devient membre de l’OIIO et obtient un emploi en tant qu’infirmière autorisée dans un département en psychiatrie en janvier 2017.
Depuis, la famille de Thelma s’est agrandie avec l’arrivée de son second fils. Elle a occupé, au fil des ans, divers postes à temps plein en tant qu’infirmière autorisée, tout en s’assurant que son horaire lui permettait de passer du temps avec ses deux fils.
Aujourd’hui, Thelma vit avec sa famille à Barrie, en Ontario. En avril 2020, elle obtient l’emploi de ses rêves en tant qu’infirmière autorisée au département en psychiatrie à l’hôpital de Barrie. Elle espère cumuler suffisamment d’heures afin de pouvoir passer un examen qui lui permettra de devenir une infirmière psychiatrique autorisée. Thelma et son mari ont également comme projet d’ouvrir leur propre clinique.
Le parcours de Thelma pour devenir une infirmière autorisée au Canada a fait d’elle une professionnelle ambitieuse. « La formation et les cours que j’ai suivis ont façonné l’infirmière et la personne que je suis aujourd’hui. Après avoir obtenu mon titre d’infirmière autorisée en 2016, j’ai commencé à aider d’autres infirmières formées à l’étranger à atteindre leurs objectifs de carrière. En 2019, je suis devenue une mentore au Moulin. Nous avons la connaissance, mais n’avons pas nécessairement le courage de faire nos propres observations concernant l’état de santé des patient·e·s. La démarche au Canada nous permet d’approcher notre rôle comme infirmière en tenant compte de toute sa complexité. Cela en vaut vraiment la peine! », affirme Thelma.